Ephémérides de Henri Ader L e livre dont il va être question ci-après a pour titre « Murs » et a été écrit et publié en 2012 chez Perrin par Charles Quetel qui est, nous l’apprend la quatrième de couverture, historien, directeur de recherche honoraire au CNRS, ancien directeur du Mémorial de Caen. Il a publié notamment « Larousse de la Seconde Guerre Mondiale » et « Femmes dans la guerre 1939-1945 » et aussi chez Tempus en 2012 « L’impardonnable défaite » et chez Lattés en 2011 « Le Canapé de Béria ». Murs, dont la lecture est passionnante, est une sorte de courte encyclopédie. Il y traite des murs successivement sous le sous-titre « Une autre histoire des hommes », et après une introduction qui commence ainsi : « Quelle fut la première séparation entre les hommes sinon un mur ? Les premiers murs, ou plutôt les solides amas de roches de nos ancêtres préhistoriques sont à l’évidence des murs de défense. Il fallait défendre l’entrée de la caverne contre les intrus, au sens le plus fort de vie ou de mort et les plus affamés… et certainement très tôt ». Quetel poursuit… En réalité (les premiers hommes) se faisaient déjà la guerre pour se voler leurs provisions, leurs femmes, leurs habitations, leurs zones de chasse puis de culture. Dès les premiers temps, mais avec d’indéniables progrès par la suite, l’homme s’affirme comme le plus malfaisant des créatures terrestres, c’est-à-dire que les murs avaient de beaux jours devant eux… ». Ainsi dès le début le ton est donné. L’auteur est franc, sans détours. Il continue : « La barricade est devenue le mur qui s’est allongé et compliqué au fil des siècles mais son principe défensif est resté le même,. Il n’est pas jusqu’aux quatre murs de la maison qui n’aient pas comporté parfois une fonction de défense ». Et l’auteur nous rappelle les châteaux forts du moyen Age, certaines églises fortifiées… Puis après avoir passé en revue le limes romain, la ligne Maginot, le mur nazi de l’Atlantique, le mur de Berlin, les « états sécurisés » à Hol- lywood, la grande muraille de Chine (seul ouvrage de la main de l’homme qu’on voit de la lune), les barbelés dans l’Ouest américain… etc. Claude Quetel, dont la causticité et l’amertume vont se dissipant au fil des pages, en arrive avec Murs où, comme à Pékin, le citoyen emprisonné vient épancher son cœur. Dans son livre, véritable encyclopédie, il parle ensuite des murs où l’on s’enferme pour écarter le voisin, puis « du mur manifeste » comme celui, toujours tenu à jour de la Shoah où sont inscrits les noms de ceux qui en furent les victimes et encore des murs fermant la route aux indésirables, mur d’Israël contre le terrorisme, les murs de l’Inde (entre République indienne et Bangladesh). Depuis la chute du mur de Berlin que Quetel nous conte dans le détail, je ne pensais pas qu’il y avait encore sur notre planète de « murs prison ». J’ai découvert en lisant ce livre qu’il y en avait encore au moins un : le mur entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, puis d’autres encore, mur entre Ceuta et Melilla dans le Sahara occidental et parmi les murs de témoignage et de souvenirs, le mur des Fédérés au Père Lachaise, le mur des Lamentations ou le Pape Jean-Paul II, à l’image des autres pèlerins, glissa un message entre deux pierres. Les murs, conclut Claude Quetel, ne prétendent pas être des solutions, ils sont des réponses Voilà un livre dont je vous recommande la lecture Murs de Claude Quetel Perrin, Paris 2012, 318 pages. Henri ADER, Avocat honoraire au barreau de Paris, Ancien bâtonnier de l’Ordre, 199 boulevard Pereire, 75017 Paris 56 • LA REVUE DE L’AVOCAT CONSEIL D’ENTREPRISES • SEPTEMBRE 2012 • N° 121