ACTUALITÉS bâtonnier et celles du Conseil de l’Ordre sont bien distinctes et prévues par la loi. Celles qui sont dévolues au bâtonnier sont immenses. Il est cohérent que celui-ci ait à côté de lui un commandant en second, le vice-bâtonnier, élu en même temps que lui, bénéficiant ainsi de la légitimité que lui confère l’élection sur un programme élaboré en commun. Jean-Bernard Thomas : Le vice-bâtonnier a ainsi une compétence extrêmement large qui s’inscrit dans les pouvoirs du bâtonnier, avec lequel il participe à la direction de l’Ordre, pour l’évolution de celui-ci conformément aux objectifs du programme soumis à leurs électeurs. L’histoire enseigne que les institutions sont ce que les acteurs au quotidien en font. A cet égard, notre équipe est par nos histoires réciproques, un gage du succès de cette fonction. Dirigeant de cabinet, responsable syndical, j’ai l’expérience du management et de la délégation. Caroline est ouverte au débat, à l’écoute de tous. C’est la clé de notre équipe. Quels sont les axes de votre programme ? Jean-Bernard Thomas : Ancien président de l’ACE, il est évident que le programme que nous proposons est dans la ligne de ce que l’ACE a toujours défendu. Le barreau évolue, l’activité de conseil est appelée à se développer considérablement, la diversité de notre profession est une véritable richesse et plus particulièrement dans le barreau d’affaires. Petite structure généraliste ou de niche, cabinets franco-français ou cabinets membres de réseaux internationaux qui font la fierté du barreau de Paris, tous participent de la réussite du barreau de Paris. Notre barreau est aujourd’hui le barreau le plus ouvert au monde. Nous sommes l’une des rares institutions à avoir accueilli dans nos instances dirigeantes, des avocats étrangers. L’ACE a soutenu cette démarche. Cet acquis doit être maintenu mais il nous faut aussi être conquérant à l’international. Caroline Toby : Notre programme s’articule autour de trois thèmes : Réintroduire plus de solidarité, ce qui va au-delà de la confraternité, qui tend malheureusement à disparaitre. Revoir le fonctionnement de la collaboration, de telle sorte qu’elle corresponde à sa vraie vocation, à savoir former des collaborateurs pour leur permettre soit de s’installer, soit de devenir associés. Faire en sorte que les femmes prennent toute leur place dans notre profession et donc proposer à cette fin des mesures concrètes. Recréer une solidarité inter générationnelle entre les avocats, aider les plus démunis par l’aide que peuvent leur apporter des avocats plus confirmés. Améliorer l’accès de la justice pour les plus démunis en particulier par la refonte du fonctionnement de l’aide juridictionnelle en matière pénale à Paris. Jean-Bernard Thomas : Le deuxième thème c’est la confiance. Aujourd’hui trop d’avocats ignorent l’Ordre, soit par défaut d’information, soit parce que leurs rapports avec l’Ordre n’a pas été satisfaisant. L’Ordre doit reconquérir la confiance des avocats sans quoi les avocats n’auront plus confiance en lui. C’est un sujet récurrent de campagne, mais trop souvent resté sans suite. Il s’agit donc de modifier les règles de fonctionnement de l’Ordre, instaurer un bâtonnat de trois ans par suppression du dauphinat, limiter à deux mandats la réélection des anciens bâtonnier et vice-bâtonnier, améliorer la démocratie ordinale par le recours à des consultations de l’assemblée générale du barreau, revoir le fonctionnement du Conseil de l’Ordre par exemple en faisant élire les responsables des commissions ordinales par le conseil sur proposition du bâtonnier. Changer les règles est important, changer les comportements est tout aussi essentiel. L’Ordre doit faire confiance aux avocats, les contrôles doivent être des contrôles a posteriori et non a priori. Enfin, il faut mettre à la disposition de tous les avocats, notamment par le biais de nouvelles technologies, des banques de données en particulier déontologiques que ceux-ci peuvent consulter à tout moment. En dernier lieu, il faut redonner aux avocats un esprit de conquête. De nouveaux marchés s’ouvrent à notre profession, Paris est de loin le barreau qui dispose le plus d’atouts pour conquérir ces nouveaux marchés. Encore faut-il que les avocats aient l’esprit d’entreprise. C’est dès l’école qu’il faut donner aux avocats l’esprit d’entreprise, leur apprendre qu’un avocat seul ou avec d’autres, est une entreprise. Réformer la formation initiale, donc, en insistant sur la déontologie et à tout ce que doit savoir un avocat entrepreneur et faire du stage à la fois une véritable formation et un outil de recrutement. Le rôle du barreau de Paris est d’aider les avocats à acquérir cet état d’esprit et les aider dans la démarche de conquête. Le barreau doit être le plus ouvert possible. Il faut que tous les avocats apprennent à agir ensemble car au-delà d’une évidente concurrence entre chacun, groupés ils peuvent beaucoup et il faut comprendre que la réussite de chacun bénéficie à tous. Mais ce sont aussi des mesures concrètes qu’il faudra défendre auprès des pouvoirs publics. Améliorer le financement des cabinets par la mise en place de l’affacturage. Refondre le contentieux des honoraires (référé provision, décision en dernier ressort jusqu’à 4 000 €, décision du bâtonnier exécutoire…). Les avocats doivent avoir tous les outils nécessaires à leur développement et l’ACE sur ce point a fait beaucoup de propositions. Ce sont aussi les nôtres. 50 • LA REVUE DE L’AVOCAT CONSEIL D’ENTREPRISES • SEPTEMBRE 2012 • N° 121