ACTUALITÉS Vingt ans plus tard, il y a plus de 3.000 diplômés de Sciences Po par an. L’école s’est ouverte aux banlieues et au monde puisqu’il y a énormément d’échanges internationaux. Or, paradoxalement, le diplôme est beaucoup plus coté qu’à notre époque. Ce modèle mérite donc d’être réfléchi et suivi. Tournons-nous vers le directeur de l’Ecole de droit de Sciences Po, Christophe Jamin, qui est agrégé de droit, avocat au Barreau de Paris et ancien Secrétaire de la Conférence dans ma promotion. Inspirons-nous de son expérience pour faire évoluer l’EFB. En quelques mots, il faudra l’ouvrir à l’international, nouer des relations extrêmement privilégiées avec de grandes universités et écoles à l’étranger, réduire la scolarité à un an, se concentrer sur le stage en cabinet et limiter l’enseignement (déontologie, interventions croisées avec les écoles de commerce, …). Nous souhaitons faire de l’EFB une école de l’excellence pratique et lui donner toute la place qu’elle mérite mais qu’elle n’a pas aujourd’hui. Nous aurons aussi une réflexion, à l’attention du CNB, quant à l’attribution des bourses aux élèves avocats. Il est anormal que l’attribution de celles-ci par le CROUS pour les étudiants en droit soit plus généreuse que par la profession pour les élèves avocats. Il y a peu de boursiers à l’EFB. Nous sommes favorables à ce que notre école offre plus de bourses que l’Université. C’est déjà une question de confraternité, d’égalité et de solidarité. La solidarité est donc un axe de votre programme. Comme il en est d’ailleurs des autres programmes. Laurent Martinet : Nous préférons le terme revenus entre les hommes et les femmes évaluée à 70%. Nous créerons un observatoire de l’égalité, qui prolongera les travaux actuels de l’observatoire de la parité et qui se voudra plus intrusif avec des perspectives concrètes. Dans un autre ordre d’idées, il conviendra de réfléchir au contrat de collaboration libérale pour qu’il conserve toute sa substance, de s’assurer de son parfait respect dans le cadre d’une relation confraternelle et libérale qui doit impérativement présider à ce contrat. Nous ferons en ce sens des propositions concrètes, s’assurant d’un vrai suivi du contrat de collaboration libérale et de la relation de l’avocat-collaborateur avec son cabinet. Le problème rencontré dans l’exercice du contrat de collaboration relève aussi d’une rupture d’égalité. La solution à tous les excès ne relève-t-elle pas d’un retour à nos fondamentaux : une conception confraternelle, donc libérale de la relation de l’avocat-collaborateur avec son cabinet. Nous ferons des propositions concrètes. Mais l’égalité, c’est aussi l’espoir de protéger mieux ceux d’entre-nous qui sont en difficulté, passagère ou structurelle. Comment accepter que notre profession ne soit pas garantie par un système de mutuelle maladie et que le système de prévoyance soit si maigre ? Comment supporter que les collaborateurs puissent être renvoyés ad nutum sans être protégés ? (Rappelons que Pierre-Olivier Sur est à l’initiative d’un mécanisme d’assurance perte de collaboration mis en place dans une version légèrement différente par Christiane Féral-Schuhl, mais qui devra impérativement être poursuivi et amélioré dans le cadre d’une large concertation). Comment accepter enfin que nous n’ayons pas un système de retraite plus profitable lorsque le coefficient démographique du Barreau de Paris est d’un retraité pour sept actifs ? Rien n’est simple. Nous ne promettons pas une révolution copernicienne. Simplement, nous nous engageons à prendre chaque problème de façon concrète et pragmatique. D’ailleurs chaque Bâtonnat apporte des avancées. Bravo à la centrale d’achat Praeferentia qui restera et qui devra, espéronsle, ouvrir son champ d’application à l’ensemble des barreaux en France. professionnelles, lesquelles sont des entreprises. Cependant, le service rendu tel qu’il est aujourd’hui délivré par l’Ordre… n’est pas gratuit. Nous nous engageons à en assurer la gratuité totale pour les créations de structures concernant les avocats de moins de dix ans de Barreau. Et d’une façon plus générale, tandis que les cabinets sont devenus des entreprises, il faut que l’Ordre leur délivre une prestation aussi professionnalisée que celles qu’attendent nos clients de nos propres cabinets. Jean Castelain en a commencé la mise en place. Le mouvement se poursuit aujourd’hui. Nous tenterons de le parachever. La question de l’inter-professionnalité est sensible à l’ACE. Quelle est votre position ? Pierre-Olivier Sur : Une place particulière dans notre programme est laissée à la question de l’inter-professionnalité. J’y étais favorable lors de ma précédente campagne. Et j’ai pris la parole au congrès du SAF -qui en rejette absolument le principe- où je me suis fait huer ! J’étais dans le public lors du fameux partage des voix au CNB. Maintenant je suis conscient qu’en plus du clivage Paris-province, il y a un autre clivage entre le Barreau et ses instances représentatives. C’est donc un sujet très sensible qui va nécessiter d’être totalement repris dans le cadre d’une très large concertation démocratique. Laurent Martinet : En ce qui me concerne, j’ai vécu l’inter-professionnalité. J’apporterai mon témoignage et ma contribution sur cette question. A ce titre, il me semble impératif de mettre en place des Etats-généraux de l’interprofessionnalité et de poser le débat de façon publique et complète pour y apporter les réponses les plus satisfaisantes qui soient. Comment voyez-vous le rôle du vice-bâtonnier ? Pierre-Olivier Sur : Nous avons la conception d’égalité. Il est plus universel, moins condescendant. Il relève tout simplement du principe confraternel de l’égalité entre tous les avocats. Or il y a dans notre profession des dysfonctionnements. Par exemple, l’inégalité de Vous saluez certaines réalisations de Christiane Féral-Schuhl. Que dites-vous du Barreau entrepreneurial ? Pierre-Olivier Sur : C’est le troisième axe de notre programme. L’Ordre au service des structures des fondateurs que sont Jean Castelain et JeanYves Le Borgne, deux personnalités qui se connaissaient et pouvaient se substituer l’une à l’autre. Bien entendu, si nous étions élus il y aurait un partage des rôles au regard de nos domaines de compétences respectifs. Laurent se chargerait en particulier d’ouvrir les portes de l’Ordre à l’International et moi, j’ouvrirai les portes du bureau du Bâtonnier à tous les confrères. Ensemble, en équipe avec le Conseil de l’Ordre, nous aimerions mener l’Ordre dans 48 • LA REVUE DE L’AVOCAT CONSEIL D’ENTREPRISES • SEPTEMBRE 2012 • N° 121