ACTUALITÉS Pourquoi vous êtes vous choisis mutuellement ? Frédéric Sicard : Il était pour moi déterminant de me présenter avec Sabine du Granrut. Nous nous connaissons depuis longtemps ayant été ensemble au Conseil de l’Ordre lors d’années cruciales pour notre Barreau (2007-2009) correspondant à celles de la mise en œuvre de nombreux rapports d’importance (Darrois, Guinchard, Coulon, Magendie et Attali) et également d’une réflexion approfondie sur les nouveaux champs d’intervention de l’avocat. Sabine ayant eu la charge de la commission textes et prospective puis de la commission de déontologie, elle était particulièrement concernée par les conséquences de ces nouveaux métiers sur le cœur de notre activité d’avocat. Au CNB, elle a participé aux travaux de la commission Règles et Usages ce qui lui a donné une connaissance sans égale du fonctionnement institutionnel de notre profession et des défis à relever. Sabine du Granrut : De même je n’aurai pas envisagé de me présenter sans Frédéric Sicard. Vous avez compris que nous nous connaissons depuis longtemps, nos parcours sont parallèles et croisés. Nous avons eu l’occasion d’apprendre à travailler ensemble tant à l’Ordre qu’au CNB. A mes yeux ces pré-requis sont indispensables pour être des « bons » candidats de références. En qualité de secrétaire du Conseil de l’Ordre Frédéric a été la cheville ouvrière de tous les dossiers de notre profession. Au CNB, il a exercé des fonctions similaires dans une configuration qui nécessitait de réels talents de diplomate compte tenu de la diversité des élus de cette institution. En quoi êtes-vous complémentaires ? Sabine du Granrut : Lui voit loin et moi je vois Comment voyez-vous le rôle du vice-bâtonnier ? Sabine du Granrut : Jusqu’à présent aucun des bâtonnier/vice-bâtonnier en poste n’avait proposé une véritable structuration de la fonction de vice-bâtonnier. Nous souhaitons proposer un vrai partage des rôles. Le Bâtonnier est à la fois le confident du confrère et l’autorité de poursuite. A Paris, compte tenu de la spécificité du Conseil de discipline, il ne peut conserver tels quels ces deux rôles à peine de schizophrénie. Le bâtonnier doit conserver le rôle d’autorité de poursuite que lui confèrent les textes et confier au vice-bâtonnier le rôle de conseil auprès des confrères. Nous souhaitons que l’Ordre soit ouvert aux confrères, à tous, ceux qui croient y avoir leurs entrées comme ceux qui devraient les avoir. Le vice-bâtonnier est donc là pour les avis déontologiques. Il lui appartiendra de donner des conseils à ceux qui le sollicitent…les décisions restant de la compétence du bâtonnier aux termes des textes en vigueur. Cette distinction n’est pas que de pure forme et la confusion qui parfois s’opère entre ces deux notions montre qu’il y a un réel travail à fournir. concret. Et puis disons le nous représentons une expression de la parité. Frédéric Sicard : J’ajouterai que nous avons une vision claire du partage des rôles qui s’établirait entre nous, éliminant ainsi toute cause de division ou d’incompréhension a posteriori qui seraient néfastes pour le fonctionnement de l’Ordre. Quels sont les grandes lignes de votre programme pour l’Ordre ? Frédéric Sicard : Un des défis pour notre Ordre Pourquoi être candidats ? Frédéric Sicard : Cette candidature est dans la continuité de l’action de construction de la profession à laquelle nous avons participé depuis près de 5 ans. C’est pour nous l’occasion de présenter à nos confrères une vision plus personnalisée de ce que nous pensons devoir être notre Ordre et notre profession. On ne peut pas solliciter ce genre de mandats sans connaitre les domaines sur lesquels, une fois élus, nous devrons intervenir ; proposer des solutions avec une vraie connaissance des dossiers et des institutions me semble être un atout. Sabine du Granrut : Ce qui m’a déterminée c’est le fait que Frédéric et moi avons travaillé à l’Ordre et au CNB en voulant être deux avocats au service des avocats. est d’apporter une réponse satisfaisante à la question suivante : nous sommes en temps de crise, nos effectifs ont cru de façon très significative ; comment concilier ces deux réalités ? Nous pensons que la réponse relève de la fonction la plus essentielle de l’Ordre à savoir celle des conditions d’exercice. Nous nous plaçons résolument dans une ligne qui fait que l’Ordre doit soutenir la création des cabinets, favoriser leur développement et avoir le souci de l’emploi pour tous. Le Bâtonnier actuel a fait le choix du barreau entrepreneurial ce qui montre bien que ce développement fait consubstantiellement partie de la fonction de l’Ordre. Nous sommes par exemple pour la centralisation des offres et demandes de collaboration avec un mot d’ordre qui doit être d’avoir de l’activité pour tous. Cela caractérisera le barreau de références que nous appelons de nos vœux. Nous sommes également partisans d’une réforme radicale de l’accès à la profession par la mise en œuvre d’un examen national plus sélectif et recentré sur la spécificité des métiers de l’avocat. Cette réforme dont le CNB vient de voter le principe est parfaitement compatible avec une profession ouverte. De toute façon notre profession ne pourrait pas se fermer sans contrevenir à la norme communautaire. En aidant à la recherche d’emploi, le rôle de l’Ordre n’est pas de se substituer à des syndicats professionnels qui se sont déjà attelés à la tâche. A l’Ordre de recenser les postes et les matières qui recrutent et de réfléchir à l’évolution des modes d’exercice notamment à la collaboration « senior » qui s’est beaucoup répandue comme le montrent les chiffres de notre profession ou encore à la collaboration de sous-traitance que nous appelons collaboration de coopération qui nous paraît indispensable pour renforcer ponctuellement l’activité des cabinets. La question qui ne vous a pas été posée ? Frédéric Sicard : Nous avons le souci de défendre l’identité et l’exclusivité de l’avocat. Nous développerons et renforcerons la politique active qui vient d’être relancée de lutte contre les sociétés clandestines ou hors la loi. Mais nous avons également annoncé que nous revendiquions des garanties de respect de notre identité et de notre exclusivité dans le cadre du rapprochement mené avec les autres professions réglementées, c’està-dire en ce compris dans le cadre de l’interprofessionnalité qui s’annonce avec les experts comptables. Sabine du Granrut : Cette identité de l’avocat est également morale. Nous proposons la création d’un institut de déontologie qui, pour la première fois à Paris, rassemblera l’ensemble des données et des expériences disponibles. Nous avons déjà l’unique base de données complète, le premier code publié, le premier dictionnaire des honoraires, nous aurons maintenant un recueil de cours écrits et la possibilité d’offrir des formations uniformes. Des formateurs seront formés avant de former eux-mêmes les avocats et garantir le plus absolu respect des règles éthiques que nul ne pourra plus ignorer, tout en réfléchissant aux évolutions les plus contemporaines comme l’impact de l’électronique. SEPTEMBRE 2012 • N° 121 • LA REVUE DE L’AVOCAT CONSEIL D’ENTREPRISES • 45