D O S S I E R : L E S N O U V E A U X M É T I E R S D E L’AV O C AT L’AVOCAT GÉNÉRALISTE : UN BESOIN IMPÉRIEUX OU UN MAL NÉCESSAIRE ?… Cependant, l’avocat généraliste devra avoir assez de compétence mais aussi assez de modestie pour garder la mesure de son incompétence et savoir dire : « Pour ce dossier, je ne sais pas faire : il est du ressort d’un spécialiste et je vous accompagnerai chez mon confrère X dont je sais la compétence pour vous assister. » Ainsi, je ne conteste pas que certains dossiers exigent l’intervention d’une équipe dont la cohérence sera d’autant plus grande qu’elle émanera d’une structure unique. Mais une telle structure ne regroupera ces compétences qu’en devenant importante et donc couteuse en gestion, ce qui ne pourra être couvert que par des taux d’honoraires élevés : il ne fait pas de doute que la compétence élevée implique des honoraires élevés que seules des entreprises importantes peuvent supporter. Que nous soyons à PARIS, dans une métropole provinciale ou dans une ville de moindre dimension, il existe un important tissu de petites entreprises qui ont besoin de conseils variés et qui n’ont pas les moyens de s’offrir des ténors de la profession. Au demeurant leurs problèmes ne sont pas nécessairement au niveau des spécialistes. La France a trop longtemps sacrifié ses PME/PMI : il ne faut pas que les avocats soient eux-mêmes des artisans de ces sacrifices. C’est une question de morale, mais aussi une question de bon sens et d’intérêt bien compris de la profession. Jacques MONDINO, Avocat à la Cour, AMCO, Contrôleur de gestion de l’ACE, jmondino.avocat@wanadoo.fr Extrait du n° 119 de notre estimable revue « Ce souci de compétence explique l’attachement de l’ACE à promouvoir les spécialisations. La complexification du droit rend plus que jamais illusoire de se croire compétent dans plusieurs domaines, de se présenter comme généraliste. Nous devons au contraire à nos clients de nous spécialiser plus que jamais et de constituer des équipes cohérentes pour couvrir tous les aspects complémentaires d’un même dossier. » * * Les hasards de la vie et des rencontres ont fait bien que, né et vivant toujours sur la Butte Montmartre, amoureux et fiers de mon village et plus donc parisien qu’il est possible, j’ai souvent travaillé en province avec des gens de la terre comme avec des chefs d’entreprise et aujourd’hui avec des barreaux souvent peu importants, parfois minuscules. Ce que je peux et dois dire haut et fort est que, hors du barreau tentaculaire parisien dont je fais partie (et dont j’ai même été élu au nom de notre syndicat) et de quelques grands barreaux de la périphérie ou de métropoles provinciales, les avocats, y compris les conseils d’entreprises, ne peuvent se permettre de n’être pas un peu généralistes. Peut-on penser qu’un avocat, membre d’un barreau de 60,80 ou 100 avocats peut se dispenser des permanences pénales, du conseil sur le divorce ou la succession d’un chef d’entreprise, sur la gestion du patrimoine ? Il y va du rapport de confiance entre l’avocat et son client. * SEPTEMBRE 2012 • N° 121 • LA REVUE DE L’AVOCAT CONSEIL D’ENTREPRISES • 29